Vous décrivez une photographie que vous voyez mentalement au public qui ne la voit pas mais qui doit pouvoir se la représenter.
« C’est un trou de verdure où chante une rivière… » écrivait Rimbaud…
Au lieu de cela c’est un trou sombre et glacé dans une ville anonyme comme il en existe tant dans le monde.
Non loin d’un tas d’ordures qui jonchent un sol humide et crasseux se trouve un abri de fortune construit avec un caddie de supermarché et des cartons moisis.
Là se traduit toute la déchéance de nos sociétés dites modernes.
Un membre ressemblant à une main dépasse de ces immondices.
Ce pourrait-il qu’un humain soit là-dessous ?
La triste réponse est oui ; ce qui est confirmé par un bruit étouffé, un grognement presque de cet être sans visage encore mais qui a visiblement remarqué qu’il est observé sans être vu pourtant.
A mesure que la scène se déroule, une moiteur nauséabonde se fait sentir en provenance d’une bouche d’égout fumante.
L’individu, sûrement habitué à ce parfum infâme réagit en réajustant ce qui fait office d’ouverture à son logement dont dépassait justement sa main faute de place.
Triste spectacle que celui-ci ; si commun pourtant.
Dans son poème Rimbaud magnifiait l’image macabre d’un soldat ; pourrait-il ici même seulement justifier une vision si sordide : celle de la misère humaine et du silence froid des voyeurs.
Définitivement le dormeur du val n’est pas bien différent que cet indigent qui connaitra le même sort que ce soldat dans ce décor funeste qu’est devenu notre société modèle.
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Une photographie affichée et vue furtivement au détour d’une rue. En noir et blanc, elle est nuancée par toutes les teintes de gris allant du plus clair au plus foncé. Une femme octogénaire prend la pose. On ne voit que le haut de son corps. La première chose que l’on retient en voyant cette photo sont ses yeux si noirs, rendant son regard profond et intense, et nous donnant l’impression que l’objectif va rentrer en elle.
Son visage est marqué par de nombreuses ridules autour de ses yeux et de sa bouche fine. Cette femme n’est pas triste. Au contraire, elle dégage une douceur absolue et une élégance qui nous donne envie d’en connaître plus et de nous raconter sa fabuleuse histoire.
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Sur cette photographie, un soleil couchant se présente. Deux très jolis palmiers élancés encadrent ce paysage. On entendrait presque le piaillement des oiseaux en cette fin de journée.
Les couleurs varient de l’orangée au jaune vif, du bleu céruléen au cyan et toutes les nuances de vert. On se sent enveloppé par cette beauté. Le relief des nuages donne de la dimension en procurant un sentiment d’éternité. Le dépaysement est garanti pour un voyage au pays de Turner. En effet, la profondeur des couleurs et la lumière inhérente en font une digne héritière du peintre.
Pour une lune de miel, le tableau serait idéal. Cela m’évoque la scène où Bella et Edward jouent à un jeu d’échecs. Accompagnés d’assortiments de poissonnades, de légumes, de bon vin et de fromages ; le lieu mérite un traitement de faveur !
Un bon feu réchauffant ferait sonner son crépitement.
Les embruns de la mer et les odeurs de nourriture rendent cet instant éternel en mémoire